Numero 1 - "Pour une république africaine des lettres..."Publications

Construction identitaire et représentation de soi sur les réseaux sociaux en ligne chez les jeunes allemands à l’épreuve de la poésie : Patrice Adico

  CONSTRUCTION IDENTITAIRE ET REPRESENTATION DE SOI SUR LES RESEAUX SOCIAUX EN LIGNE CHEZ LES  JEUNES ALLEMANDS A L’EPREUVE DE LA POESIE

Patrice ADICO

Université Félix Houphouët Boigny, Abidjan

 

Résumé: La situation des jeunes dans les réseaux sociaux est problématique; ils semblent subir diverses influences dues à leur exposition aux réseaux sociaux à une période de la vie ou l’identité est en crise ou en construction. Ce travail, qui s’appuie sur des données sociologiques et empiriques, vise à mettre en évidence,  à partir de textes poétiques, le rôle et l’importance des réseaux sociaux dans la construction  identitaire des jeunes  en particulier des jeunes Allemands.  Ainsi notre propos se penche d’abord sur la construction identitaire chez les jeunes de façon générale, s’intéresse ensuite à la mise en scène de soi des jeunes Allemands dans les réseaux sociaux en ligne et  relève enfin l’impact de l’identité virtuelle sur l’identité manifeste.  

 

Mots-clés: Réseaux sociaux – poésie – jeunes – identité – représentation de soi.

 

 

Abstract:The situation of young people in social networks is problematic; they seem to undergo various influences due to the social networks ina period of life in which the identity is in crisis or under construction.This article, based on sociological and empirical data, aims to highlight, from poetic texts, the role and importance of social networks in the identity construction of young people particularly of young Germans.In this article, our concern is to indicate first of all the construction of identity among the young people in general, then the self-presentation of young Germans in online social networks, and finally the impact of the virtual Identity on manifest identity.

 

Keywords: Social networks – poetry –youths – identity – self representation.


 

 

INTRODUCTION

 

Nous vivons dans un monde qui est profondément marqué par l’omniprésence des médias. La vie quotidienne est traversée de part en part par une longue consommation de ces derniers. Plusieurs hommes n’imaginent plus leur vie sans télévision, sans internet, sans smartphone…Neil Postmann fait ainsi remarquer: «Les mass-médias organisent le monde pour nous […] l’amplifie, l’amenuise, la colore et donne une certaine orientation à la qualité du réel.»En clair, les mass-médias influencent presque nos manières de penser et d’agir en les modelant.

Dans ce vaste champs médiatique,  le web, avec ses réseaux sociaux,  donne de  faire des rencontres et de livrer des informations. Les réseaux sociaux en ligne, ouvrant de nouvelles possibilités de communication,  contribuent  à tisser des rapports sociaux et à entretenir ceux déjà existants. Ils offrent un espace pour s’éprouver soi-même. Subséquemment, les jeunes grandissent et évoluent dans cette société pour qui l’usage de ces réseaux devient évident.

Le développement rapide des réseaux sociaux en ligne ces dernières années a conduit  au fait qu’à côté de leur vie manifeste, les jeunes ont une  «vie virtuelle». Dans ce cadre précis, les jeunes deviennent de plus en plus des marionnettes de ces réseaux et sont exposés aux valeurs qu’ils véhiculent. Si l’on veut saisir pleinement ces jeunes d’aujourd’hui, il est important de les situer dans le cadre des réseaux sociaux en ligne.

En effet, les réseaux sociaux, pour une grande part, donnent des orientations et offrent de multiples possibilités qui façonnent la vie. Ils s’offrent comme une scène sur laquelle les jeunes jouent des rôles en s’épanchant sur soi. Ces différentes observations commandent une grille d’appréciation significative. Cet article se propose donc par le canal de la poésie de mener une réflexion sur la présentation de soi et la construction identitaire des jeunes, en particulier des jeunes Allemands dans les réseaux sociaux en ligne. Il ne s’agit ici d’une analyse effectuée sur des poèmes produits ou diffusés sur les réseaux sociaux en ligne, mais de poèmes ayant pour thème les réseaux sociaux en ligne.

A ce titre,  comment ces quelques poètes allemands dépeignent-ils la construction d’une certaine identité par le biais des réseaux sociaux  en ligne chez les jeunes?  Comment se fait la mise en scène de soi? Leur vie manifeste n’en est-elle pas affectée? Ces réseaux n’apparaissent-ils finalement comme des instances de socialisation? Telles sont les préoccupations qui sous-tendent cette étude. Ce travail qui s’appuie sur des données sociologiques et empiriques vise à mettre en évidence, à partir de textes poétiques, le rôle et l’importance des réseaux sociaux en ligne dans la construction  identitaire des jeunes. De ce fait, il s’articule autour de trois points principaux: le premier donnant un aperçu de la construction identitaire chez les jeunes de façon générale, le second regardant la mise en scène de soi dans la formation d’une certaine identité des jeunes Allemands dans les réseaux sociaux en ligne et le troisième cherchant à comprendre jusqu’à quel point l’identité virtuelle peut influer sur l’identité manifeste.

 

 

1. Aperçu sur la construction identitaire chez les jeunes

 

Une partie importante du processus du développement de la personnalité dans  le jeune âge est le renforcement des rapports sociaux en dehors du cercle familial, c’est-à-dire l’intérêt sans cesse croissant pour des attachements profonds  et la mise en épreuve de premières relations amoureuses. Les rapports avec les personnes de la  même classe d’âge offre un espace dans lequel plusieurs identités sont testées.  En ceci, la présentation de soi joue un rôle important puisqu’il transmet à l’extérieur l’image de soi. Les réseaux sociaux avec leurs contenus et les opportunités qu’ils offrent sont, sans aucun doute, d’une importance particulière. Ils peuvent être ainsi un «important système social de référence» dans lesquels les jeunes dévoilent une certaine identité.

 

1.1. De la notion d’identité

 

                La notion d’identité, étant plurielle, prend un certain nombre de colorations dans les discours littéraires à cause des confusions qu’elle entraîne. Ce qui pousse à dire que«l’identité de l’identité semble quelque peu confuse»surtout du fait que l’identité se révèle être composite, car faite d’innombrables dimensions.

Mais, à la voir de plus près, elle peut être comprise comme la réponse à une question qui semble immanente à chacun: «Qui suis-je».  A ce propos, Paul Ricœur définit l’identité comme suit: «Elle est […] (j’entends l’identité d’une personne, d’une communauté), identification à des valeurs, des normes, des idéaux, des modèles, des héros, dans lesquels la personne, la communauté se reconnaissent.»Cela implique alors une estime de soi, des capacités cognitives et des éléments subjectifs (la vie de couple, les hobbys, la profession…). Cette question de l’identité renvoie ainsi aux réponses que ces questions suivantes peuvent susciter: Que peux-je faire? Qu’est qui est  important pour moi? Que pensent les autres de moi? Comment puis-je influencer le monde? Toutes les réponses à ces questions impliquent le fait que l’identité évolue constamment. Nous nous adaptons  aux différentes situations de la vie et nous maintenons au premier plan les aspects de notre identité.

Les cours du processus  de formation de l’identité sont incontrôlables parce qu’ils sont induits par des changements physiques, physiologiques et sociaux.  Ainsi, chacun travaille à produire une certaine identité. Ce qu’un homme fait, la manière dont il ressent les choses, ce qu’il espère, sa façon de vivre sont des formes d’expression  de son identité. C’est dans cette même veine que Jürgen Fritz parle de production d’identité: «Je me trouve aucune identité, mais je la produit ». En clair, l’identité d’une personne est en constante évolution parce qu’elle est toujours faite de nouvelles expériences qui l’estampent et le transforment.

Travailler à son identité signifie le traitement des interactions sociales et «apparaît dès lors comme un processus dynamique qui se réalise en situation».  En ce sens, une identité naît dans un rapport dialogique qu’une personne entretient avec son milieu social. De plus, la manière de travailler l’identité est reliée aux qualités spécifiques de la personne ainsi qu’à ces conditions de vie personnelle. Elle est ainsi toujours en relation intime avec les  réalités sociales. L’identité se révèle comme une sorte de patchwork. L’évolution et les exigences de la vie propres à une tranche d’âge transforment sans cesse l’image de soi.  Cette évolution constante implique une capacité d’adaptation et un développement comme on peut le constater chez les jeunes.

 

1.2. Construction identitaire chez les jeunes

 

Le jeune âge représente une phase importante du développement de l’identité. Dans cette période les jeunes vivent une croissance en autonomie, se dégagent un peu plus du carcan parental et s’orientent de plus en plus vers ceux du même âge. Par voie de conséquence, la phase de la jeunesse représente une période importante et décisive de la vie surtout quand il s’agit de la construction de l’identité. Car dans cette période on en vient de façon générale à des changements naturels très rapides dans la vie: une croissance physique, une maturité sexuelle, la naissance de nouvelles personnes d’identification. Tout ceci conduit  à une réévaluation  des anciennes orientations. Le jeune commence à voir les choses différemment et autrement. C’est une «Phase de doute, d’expérimentation, de projets,  de révision de décisions», nous dit Heinz Abels.

De façon  spécifique, un jeune commence à faire des tests pour voir jusqu’à quel point  ses modèles infantiles  d’interprétation  de la vie correspondent aux nouvelles personnes de référence. Les vieilles et les nouvelles identifications doivent être confrontées. Il arrive souvent que les anciennes personnes de référence soit, du moins par intermittence ou totalement, abandonnées au profit d’un groupe de pairs ou d’autres personnes qui viennent s’incruster  dans sa vie.

Ainsi, le désir de s’affirmer et celui de développer sa propre identité vont crescendo. La phase de la jeunesse  rend le projet  de la quête de soi encore plus proéminent vu que l’édification de l’identité du jeune est soumise à un immense travail d’élaboration.   A y voir de près, le fait de s’occuper de soi et la construction identitaire prennent dans cette phase de la vie leur centralité.

Comme nous l’avons dit plus haut, l’identité est fonction de la société et de ces changements. L’une des caractéristiques de notre temps est bien la propagation des réseaux sociaux en ligne. Par conséquent, ces jeunes, se trouvant dans la phase de la vie ou la quête identitaire est accrue, vont voir en ces réseaux  un espace de présentation de soi et de développement de leur identité. 

 

2. Construction identitaire des jeunes Allemands dans les réseaux sociaux

 

2.1. La mise en scène de soi  dans les réseaux sociaux

 

Les jeunes Allemands rentrent en  bas âge en contact avec internet comme le relève une étude  menée par un groupe de chercheurs  sur les enfants de l’Union Européenne selon laquelle en Allemagne les enfants en grande partie commence l’utilisation d’internet à  partir de l’âge de 10 ans.En moyenne, selon une autre étude réalisée par la JIM, les jeunes passent environ 2h30 par jour.Les jeunes se penchent ainsi sur le contenu  du net comme une forme de socialisation de soi au vu du temps qu’ils passent sur la toile.Waltraud Dechantsreiter jette une lumière sur cette situation dans les vers suivants:«Quand les jeunes ont la permission de tout faire / Ils surfent des heures sur leur Smartphone». Ces vers très réalistes certifient toute la portée qu’a internet dans la vie des jeunes Allemands.  On aurait dans la seule Allemagne 19 millions d’utilisateurs de Facebook et parmi eux environ 3,3 millions appartiennent à la tranche d’âge  des 13 à 17 ans. Cette constante présence de ces jeunes Allemands va donc les pousser à coup sûr à faire une présentation de soi.

            La mise en scène ou encore la présentation de soi a pris une certaine  propension avec  la montée en puissance des réseaux sociaux en ligne. L’obnubilation que provoquent ces réseaux est retracée par Ulrich Gast dont les vers suivants sont sertis de questions rhétoriques témoignant ainsi du désir sans cesse croissant pour les jeunes de s’accrocher aux réseaux sociaux: «Veux-tu te connecter à moi? / En le faisant rapidement à travers les réseaux ? / Facebook, Twitter ou Xing ». Avec ces réseaux sociaux en ligne nommément cités, le poète nous plonge dans l’atmosphère des rencontres en ligne. «Veux-tu te connecter à moi?» traduit toute la théâtralisation des  interactions qui  se font jour sur le net.  Ces réseaux constituent pour les jeunes Allemands  une plate-forme propice à la mise en scène de soi. Cette énumération indicative que l’auteur fait n’est rien d’autre qu’un langage métonymique pour désigner toute une large gamme de réseaux sociaux en ligne. En Allemagne, les réseaux sociaux comme StudiVZ, IIlove ou encore Schüler VZ font l’objet d’une intense utilisation de la part des jeunes. 

Tous ces réseaux offrent des espaces pour chaque jeune qui s’y meut tout naturellement, teste et soigne son identité. Les jeunes chattent, jouent, modèlent leur profil et publient des photos. Ce qui conduit notre auteur à dévoiler pleinement l’intérêt qui anime les jeunes à se retrouver: «Si tu me suis, /  je te suivrai / Nous renfoncerons notre contact». L’utilisation additionnelle que l’auteur fait ici des pronoms personnels (tu + je = nous)  expose le point d’ancrage de la connectivité dans les réseaux sociaux en ligne; deux volontés qui se rencontrent et traduisent leur désir d’amitié par des échanges que le verbe «suivre»  suggère ici. Ce renforcement des contacts tout au plus des liens trouvent leur effectuation dans la présentation de soi  que l’auteur dévoile en si peu de termes. Une présentation de soi qui peut être vue d’une part comme un management d’identité et d’autre part comme un management des rapports.

 

2.1.1. La mise en scène de soi comme management d’identité dans les réseaux sociaux en ligne

 

Le management d’identité peut vouloir dire qu’au-delà du simple usage des réseaux sociaux en ligne, le jeune effectue une recherche de soi, tout au plus qu’il s’étudie lui-même. Il  révèle les différentes facettes de sa propre personne sur les pages de  profil en faisant connaître  ses expériences, ses sentiments et ses propres perspectives qui ne reflètent rien d’autre qu’une partie de soi. A cet effet, Ulrike Wagner fait la différence entre les jeunes qui sont orientés vers le monde intérieur et ceux qui le sont vers le monde extérieur.

En s’orientant vers le monde extérieur, ces jeunes privilégient leurs sentiments, leurs valeurs et leurs buts dans la vie.  Ceux-ci seront amenés à se tourner vers leurs hobbys, leurs capacités et leurs intérêts en postant par exemple des vidéos de leur accident de skateboard ou de leur orchestre préféré. Par contre, ceux  qui sont orientés vers le monde intérieur met en première ligne leur vie de tous les jours; l’environnement social qui est leur centre d’intérêt. Il s’emploiera plus à dépeindre ses propres qualités et ses caractéristiques personnelles. Il postera par exemple des photos et des vidéos de son propre corps.En somme, l’identité que le jeune désire s’édifier se fait irrésolument dans le cadre d’une certaine mise en scène de soi qui se mue en interaction avec les autres. Il s’inscrit alors dans une relation à soi qui devient un lien avec le monde, en particulier avec celui avec qui il partage les mêmes intérêts.

De cette manière,  le premier point de contact qui se crée dans ces réseaux sociaux en ligne est la page de profil, car elle  permet aux utilisateurs de «se suivre» pour rependre le verbe de Ulrich Gast qui précise par ailleurs: «Ce qui se trouve sur ton statut, / Montre le moi rapidement […] /  Si tu cliques sur “j’aime”, / je remarquerai ainsi comment tu fais tic-tac / […] ainsi nous chatterons très souvent». Le poète souligne le rôle médiumnique des pages de profils qui constituent le terreau sur lequel poussent les différentes relations et deviennent le tableau de bord de ces réseaux sociaux en ligne. Ainsi toute information donnée concourt à une exposition de soi.  Ces pages de profil constituent pour ainsi dire le cœur du « moi-digital » qui attribue une structure unitaire au «citoyen du net» avec diverses informations: le nom, la photo, le  lieu d’habitation, l’emploi… Ici, le «qui suis-je» prend une valeur accrue.

Prenons à titre d’exemple le réseau social Ilove(www.iLove.de.) qui est destiné aux jeunes âgés de 16 à 26 ans. A côté de son caractère commercial, ce site constitue une plate-forme pour un management de l’identité. Ainsi le premier pas à poser pour rentrer en contact avec les autres est bien sûr de se créer  une page de profil. Michael Jörchel indique à juste titre la portée d’une page de profil: «Ce qu’on doit vraiment faire /  C’est de finalement s’affirmer dans le réseau social, / Faire clairement savoir / ce à quoi on tient. / A quelle religion on appartient / Et quelle profession on exerce».Toute l’importance de ces vers ayant attrait aux pages de profil trouve leur teneur dans l’emploi des adverbes «vraiment », «clairement» (adverbe d’affirmation) et finalement (adverbe d’ordre et de rang).  Pour Michael Jörchel, l’essentiel des relations sur les réseaux sociaux réside strictement dans les pages de profil qui, pour lui, conduisent à une affirmation et une perception de soi en donnant certains éléments identitaires.  Ces pages sont clairement une description de soi avec diverses composantes (naissance, race, goûts, hobbys, idéologie…) qui participent à une édification identitaire.  

A ce propos, le management de l’identité d’un utilisateur, il faut le préciser, est constamment défini d’avance par le prestataire du réseau social en ligne. On demande à l’utilisateur à partir des critères déjà définis de donner des informations sur le sexe,  son âge, son lieu d’habitation, sa taille, son poids, sa vision du monde, son origine ethnique, sa religion, son statut, son teint ou d’autres éléments comme le piercing ou encore des tatouages (des éléments qu’on retrouve sur le site de IIlove)… De cette manière on offre au jeune  un modèle qui implique les possibilités d’une présentation de soi et deviennent subséquemment une exhibition de soi à travers le texte. Un texte empreint de points de vue non seulement sur les valeurs mais aussi les règles qui guident le monde. Tous ces éléments définissent  l’individu attendu qu’il s’identifie à eux.  

Mais l’un  des éléments le plus important est  la photo qui est d’une grande importance dans la présentation de soi et se métamorphose en une exhibition imagée.  Sur la page de profil que propose Ilove, il est demandé aux utilisateurs de télécharger une photo et ainsi de compléter leurs données. Avec cette mise en scène imagée de soi, le corps réel devient automatiquement une partite de la présentation de soi virtuelle.  A travers ce flashback sur le corps,  l’identité prend une certaine valeur et participe à la construction d’une identité virtuelle, car elle n’est pas seulement la simple image de la personne qui s’y trouve mais une image des rapports sociaux; une photo peut être comme un livre ouvert d’où l’on lit la personnalité. En ce sens, la mise en ligne d’une photo peut être une reproduction d’identités sociales et devient un emblème  de notre status: «Il me faut plus  de symboles pour mon status / pour indiquer, / qui je suis, / car si je n’en ai pas / […] /  je serai insignifiant». On comprend aisément que le but premier de la page de profil et avec elle la photo  dont le but est  de faire savoir «qui je suis», n’est rien d’autre que l’épicentre de la construction identitaire.   

Mais cette mise en scène ne se limite pas à la  photo de profil. Sur d’autres réseaux sociaux en ligne  comme la Studivz on assiste à d’autres mises en scène du corps. De la sorte, sur ce réseau social, la possibilité est donnée aux utilisateurs de créer un album  photo en ligne. Cela n’est donc pas étonnant que les jeunes aient recours à cette fonction de la Studivz pour numériser les images de leur vie manifeste et les partager avec les autres. Ainsi, à côté des photos de vacances et de fêtes, il y a la présentation de son propre corps au premier plan dans un album appelé «Ich-Album» (album de moi) qui peut être vu comme un album qui contient exclusivement des photos attraits à la personne de l’utilisateur.  Cela est d’autant plus vrai qu’on trouve des titres comme «myself» ou « ich » (moi) au d’autres éléments qui ramènent constamment à soi. Les jeunes utilisateurs réunissent dans un tel album plusieurs portraits de soi du corps.  Au-delà de cet album individuel, c’est l’image nouvelle d’un corps qui transparaît. De cette manière,  la mise en scène de soi sert dans un premier temps à l’ancrage de la présence virtuelle dans le réel. Par voie de conséquence, les jeunes se prennent en photo dans la douche, dans la cuisine, dans la chambre… Cette authenticité des photos pose une base de la construction de l’identité. Ainsi, en vue de se construire cette identité, le jeune dans son album individuel, va donc  présenter son corps selon les perceptions de l’image de soi. Cette conception d’une identité digitale à travers la publication  d’autoportraits se base sur la médiation entre le réel  et la projection digitale en passant par le processus photographique. Les photos semblent alors  parler plus que les mots.  Michael Jörchel nous donne en quelques vers le rôle primordial que jouent les photos dans les réseaux sociaux en ligne: «Je dois prendre tous mes amis en photo à la fête, / pour montrer que j’y étais / et eux aussi / Je les ai postés sur le net / Si vous me croyez pas / je peux encore après des années le prouver / […] J’ai tout cela encore en ligne».  Ces vers indiquent manifestement qu’il existe une impérieuse nécessité (Je dois) de prendre non seulement  des photos   mais et surtout de les mettre en ligne. Le sémantisme des verbes utilisés (prendre, poster, montrer, prouver),  qui caractérisent par  la même occasion le processus de mise en  ligne des photos et la valeur de celles-ci, indique qu’elles sont presque incontournables dans  cette narration de soi qui touche à coup sûr l’intime en publiant constamment des images de soi en vue de donner des informations aux autres.

A ce titre, apparaissent  trois niveaux de la mise en scène de soi. Le premier concerne l’image corporelle qui est une partie intégrale de l’identité culturelle. Dans la vie manifeste, le corps,  vu comme la présence réelle de l’individu, joue un rôle important dans les interactions avec les autres. Dans sa construction fondamentale, c’est-à-dire la taille, le poids, les marques du visage, la couleur de la peau, des yeux, l’expression même du corps à travers les gestes, le corps offre des signes visuels. Aussi, quand l’utilisateur rend dans les images photographiques son corps, il ne fait que fait ressortir la  symbolique de celui-ci. Le deuxième niveau se réfère à la possibilité pour l’utilisateur de renouveler ses photos. Ainsi la possibilité d’effacer les photos indésirées et de poster de nouvelles photos conduit à un contrôle de l’expression corporelle. Le dernier niveau concerne l’utilisation de l’image. En effet, l’utilisateur peut utiliser des programmes pour remanier les photos ou encore faire des collages de photo. A l’intérieur des albums individuels on trouve à côté des photos originales, d’autres photos modifiées d’un même corps. A la fin de ce processus on a l’image d’un corps symbolique qui est une mise en scène de soi.

A travers les nombreuses possibilités qu’offrent la mise en scène de soi dans le Studivz, il s’ouvre alors pour l’utilisateur  une aire de jeu pour une expérimentation ludique de l’identité. Angela Tillman pense que ces genres de sites sont  avant tout une occasion « de présentation de soi, d’une orientation et d’un envisagement de soi multiples ».En clair, le moi dans les réseaux sociaux en ligne se construit toujours partiellement avec une refonte constante. Ces fabrications de soi sont donc destinées à l’autre qui veut entrer en contact avec nous. Cette présentation de soi  entre alors  dans sa deuxième dimension; celle du management des rapports, car «construire une image de soi, c’est toujours s’engager dans un dialogue avec […] les autres». A vrai dire, cette exposition constante de soi est conduite par une recherche permanente de l’attention de l’autre  dans une visée de reconnaissance.

 

2.1.2 La mise en scène de soi dans les réseaux sociaux  comme management des rapports

 

Dans les réseaux sociaux en ligne  les jeunes ne confrontent pas seulement à eux-mêmes,  mais font la rencontre d’autres personnes.  Stefan Nikolaus Göbel  semble  l’avoir pleinement saisi: «Sur le net […] / Mon cercle d’amis est énorme, / Et quotidiennement le nombre croît rapidement / Je suis aimé, je suis connu».     Au-delà de l’altitude jubilatoire évoquée dans ces vers, c’est tout un réseau de communication qui se tisse au fur à mesure que le nombre de ses «amis» augmentent étant entendu que «Tout image de soi est nécessairement tributaire de la relation “je –“tu”». Ces jeunes utilisent ces sites pour communiquer  surtout avec les jeunes  qui sont pratiquement du même âge (comme le réseau socialIlove destiné aux jeunes âgés de 16 à 26 ans) avec des paires groupes. Il s’instaure un rapport dialogique avec le pair groupe et le jeune qui s’incruste dans un système social.   Une  jeune fille allemande de 16 ans  dit ceci: «Je regarde toujours pour voir si mes amis intimes sont connectés avec de l’être». Il ressort clairement que les utilisateurs recherchent constamment un contact avec les autres. Cependant à côté   du simple fait que ces réseaux servent à la communication, ils constituent en même temps des lieux pour une certaine reconnaissance sociale qui sera signe de satisfaction psychologique: «La reconnaissance que vous m’accordez / Me comble tellement ». Cette reconnaissance est vécue comme une ataraxie. Cela émane du fait que les jeunes recherchent constamment une réaction positive  au sujet de leur identité qu’ils exposent. Cette exposition de soi est déterminée par chaque publication (texte ou image).

            Les réseaux sociaux portent en eux un potentiel social qui est utilisé par les jeunes pour tester leurs identités, les affermir ou s’encarter. Il se crée in fine une relation sociale qui «sera comprise ici à la fois comme un canal pour le transfert de ressources et comme un engagement intentionnel vis-à-vis d’un ou de plusieurs partenaire (s)».  Sur le réseau social Ilove pour confirmer son adhésion à un profil, il suffit de cliquer  sur « pass es zur mir » (cela me convient). Toute confirmation  de contact sera vue comme un « ami ». Le terme « ami » prend dans ce contexte une autre coloration. De ce fait, sera désigné ami, celui qui manifeste une réaction positive à notre invitation. Tout ceci contribue à l’intégration dans un groupe social auquel le jeune a le sentiment d’appartenir et avec lequel il aimerait s’identifier.  Il naît alors des  groupes identitaires dans ces réseaux sociaux.

            Lorsque cette identification est réussie,  on peut alors  dire qu’ici le travail sur l’identité est achevé avec succès. C’est ce que Michael Jörchel  présente métaphoriquement: «Je suis en ligne, signifie: / Je suis en vie !». Se sentir en  vie n’est rien d’autre que la reconnaissance dont le jeune fait l’objet et  qui se transforme en un entretien constant des amitiés.

Ainsi, on cherche constamment à être approuvé par l’autre; on comprend aisément que la présentation de soi se nourrit  de la  réaction des autres. Cela passe par l’appréciation de nos propres activités, de nos propres qualités par les autres utilisateurs sous forme de commentaires. La reconnaissance renforce notre propre identité; il y a pour ainsi dire une projection de l’image de soi vers l’autre. Au fond, les réseaux sociaux en ligne fonctionnent à juste titre comme  un journal intime d’autant plus que les informations doivent être mises à jour en vue de continuer l’exposition de soi, de partir à la découverte de soi et finalement de se montrer à l’autre.

D’une étude réalisée par   Bente Knoll et Bernadette Fitzsur l’utlisation de facebook par les jeunes Allemands, il ressort que lorsque les jeunes Allemands ne reçoivent pas une feedback positif, ils sont en proie à une certaine  incertitude et cela se voit lorsqu’ils effacent leurs images. Ce qui importe pour ces jeunes,  c’est la reconnaissance par les autres  de leurs identités. « J’aime » sur Facebook tout comme « cela me convient » sur Ilove  expriment une reconnaissance et renforcent l’amitié. « J’aime » n’est pas seulement en rapport avec le contenu de ce qui est posté mais aussi se rapporte à la personne qui a mis ces éléments en ligne, car cela  lui donne de  l’assurance et il prend conscience de sa propre valeur comme l’affirme cette autre jeune Allemande: «J’ai la  confirmation de posséder un joli corps lorsque j’ai plusieurs «j’aime», ainsi je peux être content de moi.» Cette reconnaissance se nourrit constamment de la prise en compte des avis des autres sur soi par le truchement de la congratulation et des remarques émanant des autres. Cette identité virtuelle qui se crée au fil des pages peut influer sur l’identité manifeste.

 

3. online v offline: l’influence des réseaux sociaux sur l’identité manifeste des jeunes

 

Les rapports amicaux des jeunes se laissent décrire dans l’espace et dans le temps  comme  des rapports hybrides nuancés qui sont souvent complémentaires. L’amitié est significative pour  les jeunes, justement dans le  contexte d’un quotidien marqué par  des exigences de performance. Ici, l’amitié en tant que «substitut de l’état social et de la famille» fournit un soutien nécessaire à la jeunesse. Les jeunes ont un profond besoin d’amitié et essaient de maintenir l’idéal aristotélicien de l’amitié  en tant  qu’attachement à certaines  valeurs et  d’être là où le quotidien leur offre cette possibilité. Comme nous venons de le voir, les réseaux sociaux en ligne leur offre cette possibilité. En ceci, il peut avoir donc transfert entre le  monde virtuel et le monde manifeste.

 

3.1. Le réseau social en ligne comme une compensation identitaire

 

Les réseaux sociaux présentent un caractère très dynamique si on s’en tient à ces vers de Waltraud Dechensreiter: «Le baby-sitter commode s’appelle le net / un éducateur moderne». L’emploi métonymique du net peut bien renvoyer à ces réseaux sociaux qui s’affublent ici de deux nouveaux rôles: celui d’un baby-sitter doublé d’un éducateur. Cette métaphore opérée ici par l’auteur nous plonge dans un rôle de socialisation que jouent les réseaux sociaux.

Des chercheurs allemands ont démontré dans une étude que  des jeunes arrivent à compenser leur manque de soutien social par une utilisation intensive des réseaux sociaux en ligne. En clair,  le manque d’assurance ou bien les dysfonctionnements sociaux peuvent être donc surmontés par le truchement des réseaux sociaux en ligne. Les jeunes qui sont peut-être  isolés ou bien exclus, relèvent-ils, peuvent en dehors  de leur espace immédiat, rechercher une relation avec des personnes ayant les mêmes goûts  au cours de laquelle le rattachement aux rapports amicaux qui quasiment sont basés sur les réseaux en ligne crée un rapprochement social et fournit aux jeunes un soutien émotionnel.   C’est ce soutien émotionnel et même presque affectif que Stefan Nikolaus Göbel évoque: «Certes, mes amis me connaissent à peine / Mais il ne me vient pas en l’esprit […] /  de nier cette amitié / Je suis  connecté et c’est satisfaisant

Comme on peut le constater, l’utilisation des réseaux sociaux en ligne peut être ainsi, au vu de tels problèmes socioculturels, génératrice de capital social. En lieu et place  de la solitude, du désintérêt ou encore  d’un handicap physique, les jeunes connectés aux réseaux sociaux se  voient  en pleine santé, actives et en possession de toutes leurs facultés et capables d’influence. Par-là, les jeunes, ayant des disfonctionnement dans les rapports, peuvent être les plus réceptifs aux contacts virtuels parce que là l’on peut se soustraire facilement aux difficultés communicationnelles. Du coup, le monde virtuel  constitue pour eux un certain enrichissement

Sur le net naissent non seulement des contacts virtuels, mais  ces derniers peuvent être ensuite transférées dans la vie manifeste.  Un jeune Allemand sur quatre a déjà rencontré de façon physique les  personnes contactées sur les réseaux sociaux. Plus les utilisateurs d’internet sont âgés, plus on en vient à de telles de rencontres. Même si les rencontres avec les amis des réseaux sociaux se déroulent en règle générale sans incidents notables, il n’en demeure pas moins qu’il existe des expériences malheureuses. Cependant 13 % ont constaté qu’une amitié sur le net qui était sympathique s’est révélée dans la réalité désagréable. Il se relève ici une  imbrication entre l’identité manifeste dans l’identité  virtuelle.

 

 

 

 

3.2. Les réseaux en ligne comme négation de l’identité manifeste

 

L’envie constante  de se faire connaître et se faire apprécier peut couper les jeunes du monde manifeste. Du coup, ce confinement crée un effet de solitaire: «Je me donne pas la peine d’aller chez un psychologue / Au lieu de cela je préfère aller dans les toilettes avec mon smartphone. » Cet effet de solitude se voit clairement par le retranchement que le jeune crée en se réfugiant dans les toilettes, certainement pour ne pas être dérangé et mieux  conserver le contact avec ses amis par le truchement de son téléphone portable. En clair, le jeune qui utilise les réseaux sociaux en ligne recherche alors un  ailleurs pour échapper à la réalité ambiante  et même échapper à lui-même. Cet ailleurs est donc à la fois physique mais psychologique.

Le monde virtuel peut constituer ainsi un danger pour le jeune surtout parce qu’il devient un refuge  pour lui ou tout au plus une  alternative à la vie manifeste. Il va sans dire que plusieurs jeunes sont pour ce faire accrocs aux réseaux sociaux en ligne. Une étude faite par la Stuviz fait état de 3500 messages écrits par un jeune Allemand dans le mois sur les réseaux sociaux

L’omniprésence d’une présentation supposée d’une vie parfaite des personnes du même âge ou des stars sur les plates-formes sociales est l’une des raisons principales d’une certaine pression psychique chez les jeunes. A ce titre, une enquête réalisée auprès des jeunes allemands révèle qu’un cinquième des jeunes  sont remplis d’incertitude quand ils comparent leurs photos avec les autres ou bien lorsque des commentaires désobligeants sont faits à leur endroit comme le souligne Michael Jörchel: «Peu de temps après qu’un commentaire soit écrit /  le […] status est modifié».

De cette remarque il va sans doute s’ensuivre le doute de soi qui peut arriver   jusqu’à la dépression. Le danger d’une fuite de la réalité est ici à souligner et peut conduire à une exposition de l’identité à d’autres phénomènes qui ne laissent pas indifférents Stefan Nikolaus Göbel: «Sur le réseau le diable est déchaîné». A y voir de près, le poète attire notre attention sur ce qui pourrait nuire sur les réseaux sociaux en ligne surtout à la vie des jeunes.

En effet, les réseaux sociaux donnent lieu à des rencontres idéologiques qui peuvent changer le comportement du jeune. Ils sont utilisés en tant que plate-forme pour la propagation d’informations et de messages de plusieurs ordres : idéologiques, politiques, religieux…. Les communautés sur le net réussissent  sur la base d’une grande interconnexion à diffuser rapidement des informations sur les réseaux sociaux. Les jeunes sont exposés  à tels éléments surtout pour ceux qui recherchent une certaine identité.

 

 

CONCLUSION 

 

            Loin d’être seulement un fait scientifique ou encore technique, cette étude a su montrer que les réseaux sociaux en ligne intéressent de très près la littérature, en particulier la poésie. Grâces aux poètes convoqués, nous avons pu comprendre, à partir d’éléments empiriques,   la portée de la construction identitaire dans les réseaux sociaux en ligne chez les jeunes Allemands.        

Ainsi, dans le processus  de la formation et l’expérimentation du «bricolage d’identités », les réseaux sociaux en ligne prennent aujourd’hui une grande importance. Ils sont devenus des poutres maîtresses d’information sur la construction identitaire des jeunes en général et en particulier des jeunes Allemands.  En ce sens,  ces réseaux sociaux offrent différents modèles  de projets de vie et remplissent les mêmes tâches que les traditionnelles instances de socialisation par une exhibition imagée et textuelle. En raison  du haut niveau d’interaction qu’ils permettent, les réseaux sociaux en ligne offrent alors diverses possibilités pour la présentation de soi et met en œuvre des pratiques de socialisation, car le jeune a besoin des autres et des pratiques personnelles vu que ce dernier s’explore lui-même pour être reconnu socialement.

L’autre élément que l’on peut pleinement souligner est le fait que l’identité à travers plusieurs représentations de soi dans les réseaux sociaux affuble un caractère pluriel et dynamique. On parlera ici  d’une «décomposition» de la personnalité. Le « moi » qui se constitue par le biais d’interactions en ligne est multiple et en constante mutation. En clair, dans un monde généré par la machine, on rencontre des individus qui ouvrent de nouvelles possibilités pour tester sa propre identité. Ce constant test de l’identité peut alors se confondre avec celle de la vie manifeste ou s’en détacher. Mais tout compte fait, l’identité digitale se distingue de l’extérieur à travers les énormes possibilités d’influence. Certes, notre identité  manifeste peut être influencée à travers les contacts avec les autres, mais le danger de la manipulation sur les réseaux sociaux est  encore plus élevé car là chaque utilisateur  peut se faire passer pour quelqu’un qui n’est pas. 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

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«Die Massenmedien gliedern die Welt für uns […] vergrößern sie, verkleinern sie, färben sie ein und explizieren eine bestimmte Deutung der Beschaffenheit der Wirklichkeit.»

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«wichtiges soziales Referenzsystem »

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«die Identität der Identität einigermaßen ungeklärt erscheint»

Zirfas Jörg, Jörissen Benjamin, Phänomenologien der Identität. Human-, sozial-, und kulturwissenschaftliche Analysen, Wiesbaden, VS-Verlag, 2007, p. 8.

 

Paul Ricœur,  (1990), Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990,  p 146.

 

«Ich finde Identität nicht, sondern ich stelle sie her».

Jürgen Fritz,Ich chatte also bin ich. Virtuelle Spielgemeinschaften zwischen Identitätsarbeit und Internetsucht. URL:http://www.bpb.de/gesellschaft/medien/computerspiele/63682/virtuellegemeinschaft? p=all. Consulté le 25 juin 2016.

 

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«Wenn die Jugendlichen alles dürfen, / stundenlang per Smartphone surfen»

Friedrich Graf, Gedichtsammlung, 2010, Edition élctronique, en ligne: http://www.gedichte-oase.de/.  Consulté le 25 juillet 2016, p. 15.

 

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«Willst du dich mit mir vernetzen? / Gemeisam durch das Netzwerk hetzen? / Facebook, Twitter oder Xing »

Ulrich  Gast, Schreiber Netzwerk, 2011.  Edition élctronique, en ligne: https://www.schreiber-netzwerk.eu/Consulté le 25 juillet 2016, p. 23.

 

StudiVZ est un réseau social destiné aux étudiants ; Ilove  un site de rencontre et SchülerVZ  un réseau destiné aux jeunes Allemands âgés de 12 à 21 ans.

 

«Folgst du mir, / Dann folg ich dir, / Unseren Kontakt verstärken wir»

Ibid., p.23.

 

Wagner Ulrike, «Facetten medialer Identitätsarbeit: Kommunikatives und produktives Medienhandeln in Online-Räumen ». In:Jugend. Identität. Medien. Identitätsarbeit Jugendlicher mit und in Medien, München 2009, p.117.

 

«Was in deinem Status steht, / zeigt mir schnell […]. /Wenn du auf „gefällt mir“ klickst, / merke ich bald wie du tickst. / […] werden wir auch öfter chatten»

Ulrich Gast, op. cit., p.23.

 

«Aber was soll man tun, / man muss sich schließlich im sozialen Netzwerk profilieren, / klar zu erkennen geben, / Wofür man steht. /Welcher Religion man angehört »

Michael Jörchel, op. cit., p. 13.

 

«Ich brauche mehr Statussymbole / um zu zeigen, / wer ich bin, / denn wenn ich keine habe, / […] / denn dann wäre ich bedeutungslos»

Michael Jörchel, op. cit., p.13.

 

«Ich muss all meine Freunde bei der Party markieren, / um zu zeigen: ich bin hier- / und die sind’s auch- / ich hab’s gepostet / wenn ihr mir nicht glaubt, / das kann ich noch nach Jahren beweisen, / Ich hab das alles noch online»

Michael Jörchel, op. cit., p. 13.

 

« zur Selbstdarstellung,  zur Orientierung und zum Durchspielen von möglichen Selbsten». 

Angela Tillmann: « MyBody – My Self: Körper- und Geschlechter(re) konstruktionen in sozialen Netzwerken » In:Pornografisierung von Gesellschaft. Perspektiven aus Theorie, Empirie und Praxis: UVK Verlagsgesellschaft mbH,2012, p. 159–168.

 

Ruth Amossy, op. cit., p. 75.

 

«Im Netz […] /  mein Freundeskreis ist riesengroß, / und täglich wächst die Zahl rasant / ich bin beliebt, ich bin bekannt»

Stefan Nikolaus Göbel, op. cit., p.17.

 

Ibid., p. 117.

 

« Dann schau ich immer, wenn meine engsten Freunde online sind, dann komme ich online ». 

Ulrike Wagner, op. cit., p. 120.

 

«Die Anerkennung, die ihr mir schenkt, / erfüllt mich so

Michael Jörchel, op. cit., p. 13.

 

Emmanuel Lazegra, «Réseaux sociaux et structures relationnelles », in Que sais-je?, Puf, Paris, 1998, p. 6.

 

« Ich bin online, heißt: / Ich bin am LebenIbid., p. 13.

 

Bente Knoll,  Bernadette Fitz,  Ich im Netz. Selbstdarstellung von weiblichen und männlichen Jugendlichen in sozialen Netzwerken, Wien, Büro für nachhaltige Kompetenz B-NK GmbH Schönbrunner, 2013, p. 30.

 

«Dass man halt die Bestätigung hat, ja, ich habe einen guten Körper, wenn ich so viele Likes habe, dass ich mit mir zufrieden sein kann

Ibid., p. 30.

 

«Substitut für Sozialstaat und Familie »

Heinz Bude,  «Die Aktualität der Freundschaft ». In Hamburger Institut für Sozialforschung. No 3 / 2008, Hamburg, Hamburger Edition HIS Verlags, pp. 6-16.

 

«Der bequeme Babysitter, heißt [Netz] / ein moderner Erzieher

Waltraud Dechantsreiter, op. cit., p. 12.

 

Zirfas Jörg, Jörissen Benjamin, op. cit., p.43.

 

«Die Freunde kennen mich zwar kaum / doch fällt mir nicht mal ein […], / die Freundschaft negativ zu sehen, / ich bin verlinkt und das ist schön. »

Stefan Nikolaus Göbel, op. cit., p. 33.

 

Ibid., p. 57.

 

« Ich spar mir den Gang zum Psychologen / Und geh stattdessen mit dem Smartphone aufs Klo »

Michael Jörchel, op. cit., p. 13.

 

«Kurz einen Comment geschrieben, / Den Beziehungsstatus geändert »Ibid., p. 33.

 

Michael Jörchel, op. cit., p. 13.

 

«Im Netz da ist der Teufel los»

Stefan Nikolaus Göbel, op. cit., p.26.

 

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