SOCIOTEXTE, 1er numéro thématique
« POUR UNE REPUBLIQUE AFRICAINE DES LETTRES : Pratiques, théories et essai de modélisation »
La revue Sociotexte reprend à son compte ces questionnements prévus pour un colloque, jamais tenu pour diverses raisons, à l’Université Laval du Québec, en novembre 2006. Sans aucun doute qu’après plus de 10 années écoulées comme un long fleuve mouvementé de l’histoire littéraire, ce qui était énoncé sous la forme d’une interrogation prudente devrait pouvoir s’affirmer avec la certitude du réel.
Aussi, l’objet de ce premier numéro thématique de la revue Sociotexte (revue de sociologie de l’Afrique littéraire) est-il de réfléchir aux modalités socio-empirico-symboliques d’une « République africaine des lettres », à l’aune du présupposé d’un champ littéraire africain.
Il s’agira donc d’esquisser une histoire sociale des agents de ce champ, dans un sens où ces derniers constituent un « esprit de corps », voire une identité commune instituée de la profession d’« écrivains africains», rassemblés par une homologie sociale, incarnant les dispositions particulières d’un groupe, et pour lequel l’accès nécessite à son tour un droit d’entrée, un titre, un capital ou un “laissez-passer”.
Ce numéro offre l’opportunité d’analyser les littératures africaines en transcendant les cloisonnements, pour la plupart artificiels de la langue d’écriture (français, anglais, espagnol, langues locales africaines, etc.), des moments historiques référentiels, (colonial – post colonial), des désignations idéologiques ou raciales (écrivains noirs, littératures nègres) et des ressources politiques et structurelles (centre – périphérie). Les propositions d’articles prendront en compte à la fois diachronie et synchronie en considérant spécialement la période partant de 1990 à nos jours, du fait de la correspondance notable, à cette période entre transformations sociopolitiques et autonomisation visible du champ littéraire (multipartisme, polyphonie de la voix sociale et narrative, dés-apparentement entre littérature et politique).
Les contributions s’organiseront autour de trois axes :
1-Un axe historique
-Y a-t-il une histoire d’un corps d’écrivains en tant qu’élite constitutive d’une « république africaine des lettres» ?
-Quels faits littéraires (événements, déplacements, correspondances) sont susceptibles de constituer le corpus d’une histoire sociale des écrivains africains ?
-Peut-on postuler selon les moments historiques une équivalence des salons et des mécénats dans le cas des littératures africaines ?
-Quelles peuvent être les modalités de cette « république africaine des lettres » dans son rapport aux champs sociaux voisins (politique, économique, religieux) ?
2 – Un axe sociologique
-Quels sont les lieux traditionnels de l’échange littéraire en Afrique ?
-Quels réseaux sociaux, politiques, économiques, interpersonnels, contribuent d’une part à la mise en forme du texte littéraire et d’autre part à la présence et la pertinence de l’institution littéraire africaine ?
-Quels sont les jeux et les enjeux de la pratique littéraire en Afrique ?
-Quelles frontières “la fraternité littéraire” confère-t-elle à l’institution littéraire africaine dans son rapport avec elle-même (Afrique francophone, anglophone, lusophone, arabophone) et dans son rapport aux autres littératures (antillaises, américaines, européennes) ?
-Quelles sont alors les entrées et les clôtures de cette « république »?
3 – Un axe esthétique et/ou poétique
-Quelles sont les structures objectives de l’imaginaire des écrivains africains ?
-Quels peuvent être les objets culturels qui apparaissent comme lieux de tension ou de concurrence entre les créateurs ?
-Comment ces écrivains conviennent-ils des canons d’une « littérarité africaine » ?
-Quel apport de la transculturalité peut-on relever dans les littératures de l’Afrique continentale ?
-Comment évaluer le rôle et la place de la traduction dans cette « république littéraire» ?
Les articles seront acceptés en Français et/ou en Anglais. ils devront être soumis à info@sociotexte.com ou à nkdavid2001@yahoo.fr au plus tard le 15 mai 2017